Architecture et paysage

Les maisons de l’île de Ré se protègent du vent grâce à la multiplication de petites cours intérieures, invisibles pour la plupart depuis la rue. Leurs façades apparaissent sobres, neutres, lisses. Les Rétais, majoritairement modestes à l’origine, et à domination protestante, étaient d’avantage moralistes et citoyens qu’esthètes.
Etrangement, de ce point de vue, l’architecture rétaise peut rappeler dans sa sobriété et sa pudeur celle du Japon, qui a inspiré ici l’architecture et la décoration des lieux. Là où en France les façades cossues s’ornent et se décorent, les maisons japonaises les plus fastueuses se cachent derrière des murs sobres et discrets. La maison se révèle pas à pas, jamais dans son intégralité. L’architecture préserve l’intimité des familles. Le visiteur qui y pénètre emprunte une porte discrète qui s’ouvre sur un patio laissant à peine entrevoir la maison. L’architecture et le jardin ne font qu’un. Chaque chambre possède une vue sur un jardin et un patio isolé afin de pouvoir se détendre hors des parties communes. Les couleurs intérieures naturelles et douces, et celles offertes par la végétation, sont soulignées et cadrées par le noir des préaux.
Le jardin d’entrée s’inspire des tropiques. Palmiers, bambous, fougères géantes et autres feuillages sélectionnés pour leur graphisme se déclinent ici dans des camaïeux de verts. Il crée un sas entre le monde extérieur et la maison, un oasis de fraîcheur, aéré et ombragé, où la douche à ciel ouvert se niche dans la végétation exubérante.
Le deuxième patio, inscrit au centre de la maison, est le jardin des Cactus, ou Jardin Bleu. Abrité du vent, assis sur la dune pauvre et drainante, et bénéficiant de la clémence du climat propre à l’île de Ré, le site permet d’y cultiver nombre d’espèces végétales inféodées aux régions arides. Plutôt que d’introduire artificiellement et massivement du terreau et d’arroser à outrance pour y faire pousser les plantes communes aux jardins français et anglais, c’est une sélection de palmiers, de cactus et autres plantes grasses acclimatés à ce contexte qui ont élu domicile ici. Le jardin exotique de Roscoff, en Bretagne, Hanbury Garden sur la Riviera, Tresco Abbey Garden en Angleterre ainsi que le célèbre jardin d’Yves Saint Laurent et de Pierre Berger à Marrakech, comptent parmi les nombreuses sources d’inspirations et d’informations qui ont servi à concrétiser cet ambitieux voyage.
De l’autre côté de la maison, se développe le Jardin des Dunes, composé de plantes qui s’épanouissent naturellement dans le sable, à l’île de Ré, ou ailleurs sur le globe. Un jardin libre, léger, naturel, dans lequel l’entretien consiste essentiellement à arbitrer pour se faire côtoyer les plantes selon les règles observables dans la nature. Quelques fruitiers sont dispersés ici et là, pistachiers, oliviers, citronniers, abricotier, arbousiers, grenadiers, goyavier du Brésil, figuier, kiwi, etc. Un mimosa grandiose, le doyen qui précédait la construction de la maison, a été naturellement conservé, pour offrir son ombrage léger au fond du jardin. Le tapis de thym faisant face à la pergola de la glycine offre une alternative joyeuse et embaumée au gazon. Les fleurs poussent au rythme des saisons, entre les crocus et camélia l’hiver, le jasmin, les coquelicots et les cistes au printemps, les roses, la santoline et les gauras l’été. Trois grands pots en terre qui servaient à conserver le sel de l’île de Ré ont trouvé leur place dans la végétation.
Près du solarium, se situe un petit potager avec essentiellement des herbes aromatiques, et quelques légumes suivant la saison.
Au fond du jardin, dans la partie haute et isolée attenante à la salle de jeu ou de yoga selon les heures et les humeurs, une zone de gazon entourés d’oliviers et de plantes robustes permet aux enfants de jouer aux jeux de balles. Cet écrin joue sur les différentes tonalités de verts, entre les longs saules cendrés chatoyants au vent, les oliviers aux feuilles bicolores, le tamaris, le poivrier et les herbes folles qui bordent le gazon
L'architecte
Atelier Jeanne Dumont `
Jeanne Dumont considère que l’essence de son métier est de savoir écouter et comprendre : les gens, les objets ou les œuvres, pour construire l’espace qui saura les mettre en lumière et rendre sensible leur univers.
Architecte DPLG, Jeanne Dumont entame sa carrière professionnelle au sein des Equipes d`Architecture de la maison Louis Vuitton.
En 2000, elle crée sa propre Agence, à travers laquelle elle poursuit une triple activité : Création de concepts magasins, réalisation de maison et d’appartements privés, scénographies de vitrines et création d’espaces d`exposition.
Parmi ses réalisations et ses clients :
L’Artisan Parfumeur, Jonak, La Pâtisserie des rêves, Marlboro Classics, Cartier, Kenzo, l'Espace Culturel Louis Vuitton, la Fondation Clément, la distillerie JM, Maison de Famille Louis Vuitton, Le Studio Rouchon, Château Palmer…


Les paysagistes
Victor Lacaille, Maxime Coache et Luc Dallanora
C’est sur les bancs de l’école du paysage qu’ils se rencontrent. Riches de leur amitié, ils collaborent pour la création de ce jardin entre 2016 et 2018.
Si leurs créations suscitent un intérêt plastique, leur travail s’axe avant tout sur la dimension émotionnelle de ces dernières. Il vise à imprimer un sentiment nouveau chez leurs visiteurs tout en améliorant leurs cadres de vie.
Chacun de leurs jardins raconte une histoire reposant sur le temps et la complicité. Ils travaillent toujours dans un souci d’identification aux usagers, en entretenant une relation très étroite avec le site traité. Une transposition nécessaire à la naissance d’un cadre de vie harmonieux. Ainsi il leur est indispensable d’arpenter les lieux, mais aussi d’apprendre à vous connaître, de savoir qui vous êtes, comment vous vivez et quelles sont vos passions et... antipathies.
Le processus d’élaboration est long pour qu’un jardin exprime sa pleine maturité, il est aussi fragile.
Comme ces lieux vivent, mais également parce que tout n’y est qu’équilibre artificiel, il est essentiel que quelqu’un assure le suivi de l’évolution de ces créations pour assurer leur bon épanouissement. Néanmoins quelques unes de leurs recettes de jardiniers paysagistes curieux et passionnés limitent de manière considérable l’entretien pour que jamais vous n’ayez le sentiment d’être l’esclave de votre jardin, quel que soit sa taille et sa nature.
Une passion bien vivace qui les mènera toujours délicieusement et généreusement là où il y aura de réels désirs de jardins!

The decoration
La décoration de la maison comporte essentiellement des meubles ayant déjà vécus, achetés chez des antiquaires ou brocanteurs, dans des styles variés pour éviter toute monotonie. Le choix des matières naturelles a été privilégié afin de préserver l’harmonie de l’ensemble.
Les lits, la table de la cuisine, les bancs et les bains de soleil sont en teck recyclé et ont été fabriqués à Bali par un menuisier local.
La vaisselle blanche et verte, et quelques poteries du salon ont été créé pour la villa par Nicole Fichot.
De nombreuses verreries proviennent de La Soufflerie, qui travaille artisanalement le verre recyclé.
Des meubles vintage, comme les tabourets africains du salon bibliothèque ont été achetés à l’antiquaire Laurent Mohm dont la boutique éponyme se situait à Ars-en-Ré (boutique fermée mais Instagram toujours actif).
Les pots du jardin ont été acheté chez Coté Jardin, chinés par Mme et Mr. Madec sur la place du marché d'Ars en Ré.
Les tapis et coussins proviennent essentiellement de Pompon Bazar pour laquelle la fondatrice Corinne source avec un œil d’expert des trésors artisanaux.
La tapisserie dans la chambre Patio est de l'artiste belge Natalia Brilli.
La grande aquarelle dans la chambre Cactus est de Mathieu Cherkit.
Les herbiers dans la chambre Atelier et dans le salon biblothèque sont d'Herbarium.